Les mauvaises odeurs peuvent émaner d’une surface étendue, comme un tas de fumier, un bassin, une décharge… Dans ces cas de figure, il n’est pas toujours évident de mesurer l’envergure de la nuisance olfactive, l’exposition aux odeurs, leur intensité. Pour ce faire, il faut recourir à des méthodes d’olfactométrie déambulatoire. La nouvelle norme européenne prEN16841-2 vient de la reconnaître comme valable.

 Mesurer des sources d’odeurs diffuses ou en mouvement

Déterminer l’exposition aux mauvaises odeurs liée à une activité industrielle quelconque implique de pouvoir faire des prélèvement sur site, mais aussi de quantifier le débit d’odeur à la source. Quand l’air malodorant provient d’un conduit, l’opération ne présente pas beaucoup de complications. Mais quand ces odeurs émanent, de manière diffuse, d’une surface plus ou moins étendue, le simple fait de prélever un échantillon relevant est autrement problématique. « Dans le cadre d’un tas de fumier, de boues, d’une décharge ou d’un bassin, il est extrêmement difficile de réaliser des prélèvements pour réaliser une mesure d’odeur concluante. S’il est possible de placer une cloche sur une surface d’un mètre carré, au mieux, afin de prélever un échantillon, on se rend compte que ce procédé entraine d’importantes erreurs de mesure. En outre, un prélèvement à la source ne permet pas de mesurer la nuisance olfactive des matières en mouvement, comme dans une décharge ou un centre de compostage, où c’est le fait de déplacer de la matière qui entraine des problèmes d’odeur », explique Julien Delva, CEO d’Odometric.

La norme EN16841-2 : pour des mesures d’odeurs dans l’environnement

« Pour mesurer les nuisances olfactives dans ces situations particulières, il existe d’autres méthodes, et notamment l’olfactométrie déambulatoire aussi appelée méthode du panache. Jusqu’à présent, cependant, aucune norme n’officialisait leur pertinence. Depuis l’apparition de la norme prEN16841-2, les choses ont changé. Cette norme vient légitimer la méthode auprès de ceux confrontés à des problèmes d’odeurs de ce type. »

L’olfactométrie déambulatoire, plutôt que de se concentrer sur la source de l’odeur, vise à opérer une mesure des odeurs directement dans l’environnement proche du site émetteur. Plusieurs fois sur une période déterminée, un jury de nez de minimum 2 personnes se rend sur site et dans son environnement proche. Il chemine, en fonction de la perception et de la direction des vents. Si elle est perçue à un endroit déterminé, il va rejoindre un autre endroit, en s’écartant du site, pour voir si l’odeur y est toujours perceptible. Si elle ne l’est pas, le jury se rendra à un autre point, en se rapprochant du site, jusqu’à ce que l’odeur soit à nouveau perceptible. Et ainsi de suite. « De cette manière, nous pouvons établir la portée des odeurs, établir une boucle, autour du site, dont les limites correspondent à la distance de perception de l’odeur, le panache, poursuit Julien Delva. A partir de la distance de perception établie, des données météorologiques mesurées avec une station portable, en paramétrant un modèle de dispersion, il est possible de quantifier le débit d’odeur de la source. »

Odometric pratique des mesures d’olfactométrie déambulatoire depuis plusieurs années. Odometric, en tant que laboratoire d’olfactométrie, a d’ailleurs contribué à l’établissement de cette norme. La méthode présente plusieurs avantages. Au-delà d’être l’unique méthode de mesure pouvant s’appliquer à des émissions diffuses ou liées à des mouvements de matière, elle permet de prendre en considération beaucoup plus de paramètres. « Par exemple, pour un site industriel qui compte de nombreuses cheminées, recourir à cette méthode peut aussi s’avérer pertinent. En effet, pour déterminer le flux d’odeur global, il ne suffit pas d’additionner les résultats liés aux émissions de chacune des cheminées car elles ne sont pas additives. Pour déterminer l’impact olfactif de l’ensemble du site, il faut donc recourir à d’autres méthodes, comme l’olfactométrie déambulatoire. »

L’olfactométrie déambulatoire: créer un dialogue avec le riverain

En outre, elle est la seule méthode qui permet, aujourd’hui, de rendre compte de ce qui se passe effectivement au niveau des riverains. « Dans l’approche que développe Odometric, il y a une dimension sociale à la mesure d’odeur. S’il n’y a pas de nez récepteur (riverain), il n’y a pas d’odeur il y a juste des molécules chimiques dans l’air. Se soucier d’un riverain, des retombées olfactives d’une activité, quand on est un industriel, permet de désamorcer bien des problèmes. L’olfactométrie déambulatoire (méthode du panache), à travers le parcours entrepris dans l’environnement de l’activité, permet d’aller prendre le pouls de ce que pense le voisinage. Son témoignage du riverain permet d’étayer la mesure d’odeurs, d’obtenir une meilleure compréhension de la problématique. De son côté, le riverain constatera que l’on se soucie du problème, qu’il est écouté. Quand l’industriel prend part à la démarche, en suivant le jury de nez, on peut arriver à générer un dialogue. Un lien, constructif, peut alors se créer entre le site et son voisinage. »