Au début de cette année, un observatoire des odeurs a été mis en place à Châtenois, en Alsace centrale, autour du centre de stockage des déchets du Smictom (Syndicat mixte de collecte et de traitement des ordures ménagères d’Alsace). Jean-Pierre Piela, président du Syndicat, évoque le contexte et les bénéfices de cette démarche.
Monsieur Piela, pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a conduit à mettre en place un observatoire des odeurs autour du site du Smictom ?
Le Smictom gère deux sites de traitement des déchets proches l’un de l’autre. Le premier est un centre d’enfouissement de déchets non-dangereux. Le deuxième est une usine de compostage. En 2013, nous avons engagé un plan de lutte contre les odeurs. En 2016, malgré nos efforts, nous avons été confrontés à un épisode difficile. Une poche de lixiviats s’est formée et a cédé, notamment à cause de conditions météorologiques peu favorables. Cela a entrainé de fortes émanations d’odeurs dans les alentours. Une association de riverains s’est alors créée. Et il nous a semblé opportun, pour répondre à leurs inquiétudes et avoir une bonne connaissance des nuisances olfactives, de mettre en place un observatoire des odeurs.
En quoi cette démarche vous a-t-elle paru intéressante ?
Nous n’étions pas dans le déni. Nous avons tout fait pour apporter aux riverains tous les apaisements et éliminer les nuisances. Nous avons voulu nous inscrire dans une démarche transparente, citoyenne, en étant à l’écoute, pour avancer sur cette problématique.
Comment s’est déroulée la mise en place de cet observatoire des odeurs ?
Nous avons lancé un appel aux riverains, en vue de constituer un jury de nez. Nous avons, dans ce contexte, fait appel à Odometric, ses méthodes et ses outils, pour structurer les éléments. Une vingtaine de personnes habitant dans les environs ont accepté de participer à la démarche. En suivant les directives établies par Odometric, elles ont commencé à faire des relevés réguliers des odeurs, nous permettant de disposer d’une information vraiment utile pour améliorer la situation. La problématique, pour un gestionnaire sur site, est qu’il est difficile de déterminer quand ça sent et quand ça ne sent pas dans le voisinage, quand c’est incommodant ou non. Or, si l’on veut bien lutter contre les odeurs, nous devons pouvoir nous appuyer sur ces informations, savoir quel type d’odeur a été perçu, à quelle fréquence, dans quel contexte.
Quelles mesures ont pu être prises sur base de ces informations ?
Elles permettent par exemple de corréler des nuisances ressenties à certaines activités, comme le déplacement de déchets ou le traitement de matières organiques. Dès lors, si les conditions météorologiques, et particulièrement les vents, ne sont pas favorables, nous pouvons éviter de mener une opération ou une autre. Enfin, le jury de nez a permis d’améliorer la communication avec les riverains. La contrepartie, pour les participants, réside dans une meilleure information. Ils sont, comme nous, informés des résultats de l’observation et, dès lors, de l’évolution de la situation. Avec certains riverains, particulièrement impactés, la relation est nettement moins conflictuelle. L’approche se veut constructive, orientée vers la recherche de solutions.
Comment ont évolué les résultats depuis la mise en place de cet observatoire des odeurs ?
Au niveau du centre d’enfouissement des déchets, qui générait régulièrement des odeurs et qui avait de plus connu au printemps 2016 un épisode particulièrement intense, entraînant la création de l’association de riverains, la situation est revenue à la normale. De gros travaux ont été réalisés. Ils ont permis de réduire fortement les nuisances olfactives. L’observatoire a permis d’objectiver les choses et de confirmer cette amélioration.
Au niveau de l’unité de compostage, des améliorations restent à concrétiser et le dialogue avec les riverains impactés se poursuit, en présence de l’exploitant (privé) du site. Un plan d’action est en construction et, dans le prolongement de l’observatoire, une alerte « odeurs » a été mise en place pour répondre au plus vite aux signalements et identifier les causes probables afin d’améliorer la gestion du site. La mise en place de cet observatoire a aussi permis aussi identifier d’autres odeurs, qui n’émanaient pas de nos activités.