Evaluer les nuisances olfactives sur un territoire donné n’est pas forcément simple. L’observatoire des odeurs est une démarche mise en œuvre par Odometric, pour objectiver une situation problématique en impliquant les riverains. Ce sont eux qui sont invités à régulièrement effectuer des relevés d’odeur, afin d’assurer un suivi dans le temps et de mieux comprendre l’origine des gênes constatées.

Un site industriel, une décharge, une station d’épuration, une exploitation agricole sont autant de lieux susceptibles de générer des nuisances olfactives. Et force est de constater qu’il n’est pas toujours évident d’en comprendre l’origine. Si l’on peut facilement mesurer des émissions d’odeurs dans l’atmosphère liées à un processus industriel en prélevant des échantillons à la sortie des cheminées, l’opération est beaucoup plus difficile si les sources d’odeur sont nombreuses, diffuses et émanent d’un site étendu. La présence d’une odeur dans le voisinage d’une activité à un moment donné n’implique pas qu’il y ait forcément une gêne olfactive et, surtout, ne permet pas d’évaluer l’ampleur de celle-ci ni sa durée dans le temps.

Rendre compte des nuisances dans le temps

Dès lors, comment faire pour rendre compte de la présence d’odeurs, plus ou moins gênantes, dans un environnement donné ? Comment les évaluer dans le temps ? « Pour y arriver, nous mettons en place un outil appelé ‘observatoire des odeurs’, explique Jean-François Thomas. Le principe est de faire appel à des bénévoles concernés par les gènes ou nuisances olfactives propres à un environnement. Ces riverains volontaires sont invités, régulièrement, à faire des relevés d’odeur et à communiquer les constats réalisés à nos équipes. L’avantage de la méthode permet de mettre en évidence la présence d’une odeur à divers moments de la journée, d’évaluer son intensité et son niveau de gêne, en demandant aux volontaires de faire leur relevé le matin et en fin de journée, et sur une période de temps plus ou moins longue. »

 

S’appuyer sur les relevés des riverains

Les riverains participants, à raison de trois jours par semaine, le matin et le soir, pendant une période de temps déterminée allant de quelques semaines à plusieurs mois, sont invités à mettre le nez dehors pour humer la qualité de l’air. « Nous leur demandons lors de chaque relevé de caractériser l’odeur selon trois critères : l’intensité, la gêne, la nature de l’odeur, poursuit Jean-François Thomas. Les outils fournis par Odometric permettent de directement évaluer l’intensité et la gêne selon des échelles données. Les riverains ont ensuite la possibilité de décrire l’odeur selon des typologies définies, entre odeurs de déchets, d’épandage, d’égout, d’œuf pourri, de feu de bois, d’alcool, d’eau de marécage… selon la situation du site. »

Pour une meilleure compréhension des phénomènes olfactifs

En cours de campagne d’observation, les données remontées par les riverains peuvent être croisées avec des informations relatives aux activités menées sur le site industriel tout proche et les données météorologiques. « On peut de cette manière effectuer un suivi précis des causes et des origines des odeurs et disposer d’une meilleure compréhension des nuisances ressenties, explique Jean-François Thomas. La connaissance approfondie des phénomènes olfactifs permet de mettre en œuvre des plans d’actions pour réduire les émissions ou éviter de gêner les riverains. On peut par exemple envisager des investissements dans des infrastructures, adapter des processus ou, plus simplement, éviter de mener des opérations susceptibles de générer des nuisances quand les conditions météorologiques ne sont pas favorables. »

Gérer les alertes, mieux communiquer

L’observatoire des odeurs permet en outre de générer des alertes. Si les relevés indiquent un niveau de gêne ou d’intensité anormalement élevé, les équipes d’Odometric peuvent être directement prévenues. « Cela permet le plus souvent d’alerter l’exploitant, de comprendre l’origine du problème sans délais et d’envoyer des explications aux riverains, explique Jean-François Thomas. Une odeur dans l’environnement engendre des craintes dans le chef des riverains. Le fait de comprendre l’origine de l’odeur permet de rassurer. Le riverain est impliqué et se sent écouté. » L’outil permet d’initier la communication autour d’éléments objectifs. Dans ce contexte, Odometric se positionne en acteur indépendant et neutre, qui va demander des explications à l’exploitant quand cela s’avère nécessaire, accompagner celui-ci dans la compréhension des nuisances, mais aussi rendre régulièrement compte des résultats de l’observatoire directement auprès des riverains.

Rendre compte des améliorations

L’évaluation dans la durée, par ailleurs, permet aussi de rendre compte des efforts faits par l’exploitant pour atténuer les nuisances. « En suivant les relevés, on peut rendre compte des évolutions positives des gênes olfactives au cours de la campagne d’observation, poursuit l’expert d’Odometric. Avec un traitement statistique complet, on peut dégager des tendances, des problématiques saisonnières, évaluer les mesures prises et leurs effets. »