Le site ArcelorMittal à Differdange est situé à proximité d’une série d’habitations. A la suite de plusieurs plaintes du voisinage pour nuisances olfactives, Odometric a été mandaté pour analyser l’origine de ces odeurs et leur dispersion. L’étude réalisée a permis d’adapter les processus industriels pour atténuer la nuisance.
Dans nos régions, les sites industriels, autrefois éloignés des agglomérations, se sont progressivement retrouvés intégrés à un tissu urbain qui n’a cessé de se densifier au fil des années. Pour les riverains installés dorénavant à proximité immédiate des installations industrielles, cette situation peut causer certaines nuisances , que ce soit en termes de bruit ou d’émissions d’odeur. C’est à ce dernier cas de figure qu’a été confronté le site d’ArcelorMittal à Differdange. Celui-ci, spécialisé dans la production des poutrelles métalliques les plus hautes (1.108 mm) et les plus lourdes (1377 kg/mètre) au monde, a en effet été sommé par l’Administration de l’Environnement d’identifier et de quantifier ses différentes sources d’émissions olfactives. « Cette demande a fait suite à plusieurs plaintes du voisinage pour nuisances olfactives, transmises à l’administration en 2018, explique Virginie Schmal, Process Engineer au sein du département environnement d’ArcelorMittal. Pour réaliser cette étude, nous devions faire appel à un organisme agréé, repris sur la liste de l’Administration de l’environnement. Odometric en faisait partie et a répondu de façon convaincante à notre appel d’offres. »
Audit, mesure et analyse
La rencontre initiale entre les responsables d’ArcelorMittal et d’Odometric a eu lieu à la fin de l’année 2019. La crise du Covid a toutefois éclaté quelques mois plus tard et la première étape du travail – l’audit olfactif – n’a pu avoir lieu qu’au mois de juin 2020. « Il s’agissait de faire le tour du site avec des personnes qui le connaissent parfaitement et maîtrisent les process. Cette première démarche nous a permis d’identifier les principales sources d’émissions olfactives, une quinzaine au total », précise Jean-François Thomas, Manager Bureau d’Études et Coordinateur Qualité au sein d’Odometric. Dans un second temps, il a fallu mesurer les émissions au plus près de leur source, à savoir les cheminées du four électrique servant à fondre la mitraille nécessaire à la confection des poutrelles. « Ces cheminées culminent à 60 mètres. Nous avons pu prélever des échantillons et mesurer le débit d’air à partir d’une plateforme située à 40 mètres de hauteur. Cette phase s’est étalée sur environ une semaine entre la fin du mois de septembre et le début du mois d’octobre 2020 », ajoute Jean-François Thomas.
Enfin, ces échantillons ont été analysés dans le laboratoire agréé d’Odometric. « Nous avons recours à un panel de personnes dont la perception des odeurs est située dans la moyenne. Nous leur soumettons des échantillons de l’odeur prélevée, d’abord de façon très diluée, puis en augmentant le dosage jusqu’à ce qu’ils perçoivent l’odeur. Nous obtenons ainsi une mesure précise du seuil de perception de cette odeur particulière. Ces analyses sont ensuite combinées avec les mesures de débit effectuées pour obtenir un ‘flux d’odeur’. Ces éléments, introduits dans notre modèle de dispersion, nous permettent de savoir si l’entreprise respecte les normes en vigueur », détaille Jean-François Thomas. Il va sans dire que l’ensemble de ce travail, mené sur un site gigantesque (115 hectares), a présenté de nombreux challenges, relevés avec succès par Odometric.
Mieux comprendre le processus
Le résultat de cette étude s’est révélé plutôt positif : ArcelorMittal respectait les valeurs de référence en matière d’intensité et de fréquence des odeurs. Toutefois, cela n’empêchait pas certains riverains, surtout les plus proches du site, d’être dérangés par les odeurs émises par l’entreprise. ArcelorMittal a donc mis en place une série de mesures pour limiter ses émissions. « Le travail d’Odometric nous a permis de mieux comprendre les causes de ces émissions, et de savoir sur quels leviers jouer pour les amoindrir, relève Virginie Schmal. Nous avons donc beaucoup travaillé sur nos processus afin de réduire les nuisances olfactives. Depuis lors, les plaintes ont cessé. L’administration a reçu les résultats de l’étude et en est pleinement satisfaite. »
Des deux côtés, on souligne la très bonne collaboration entre Odometric et ArcelorMittal, condition essentielle pour atteindre les résultats escomptés. « ArcelorMittal a pris le sujet avec sérieux, ce qui n’est pas toujours le cas de certains acteurs industriels. Il est clair que les émissions olfactives ne sont peut-être pas aussi prioritaires que celles de gaz dangereux ou de substances radioactives, mais elles peuvent mener à des nuisances qui causent un stress important menant parfois, lui-même, à certaines maladies », indique Jean-François Thomas. Virginie Schmal, elle, souligne la grande flexibilité d’Odometric. « Dans une entreprise comme la nôtre, il y a souvent des aléas. Nous avons connu des pannes ou des changements de dernière minute qui nous ont contraints à reporter certaines mesures qui étaient prévues. Mais Odometric s’est adapté à la situation sans aucun problème. C’est très appréciable pour nous. »
L’accompagnement d’Odometric se poursuit désormais, notamment pour évaluer les émissions liées à l’utilisation de nouveaux combustibles dans le processus de fusion. Cela a été le cas dernièrement avec les résidus de production de pneus. « L’étude réalisée a permis de montrer qu’aucune nuisance olfactive n’était liée à l’utilisation de ces résidus », se félicite Virginie Schmal.
Grâce à cette collaboration, ArcelorMittal a montré sa réelle volonté de rester à l’écoute des riverains pour poursuivre son activité dans un environnement serein et apaisé