Jean Lachmann est le président de l’Association de Défense de l’Environnement, de la qualité de l’Air de la Population de Châtenois, Scherwiller et environs (ADEAP). Elle s’est constituée suite à d’importants problèmes d’odeurs en région d’Alsace Centrale, particulièrement autour des deux sites de gestion des déchets du SMITCOM (enfouissement à Chatenois et compostage à Scherwiller), dans le courant de l’année 2016. Elle s’est impliquée pleinement dans l’Observatoire des Odeurs lancé par le SMICTOM d’Alsace centrale et confié à Odometric.
« Notre association rassemble les habitants d’Alsace Centrale, région confrontée à des problèmes de pollution du fait de sa topographie et d’un trafic routier très dense (RN 59 et A35). Nous habitons au cœur d’une cuvette, entre les deux pôles urbains, Colmar-Mulhouse d’un côté et Strasbourg de l’autre, où la pollution atmosphérique a tendance à stagner, explique Jean Lachmann. Notre mission est de suggérer des solutions pour améliorer la gestion de l’air à l’échelle de notre zone d’habitation. » Plus particulièrement, l’association s’est créée suite à un épisode difficile, à la fin du mois de mai 2016. D’importantes intempéries ont entraîné une surproduction de lixiviats (liquide résultant de la percolation de l’eau de pluie à travers les déchets) et de gaz en résultant (sulfure d’hydrogène /H2S qui se caractérise par l’odeur d’œufs pourris) au centre de stockage de déchets non dangereux/CSDND du SMITCOM, à Châtenois. « Cette eau, d’habitude, passe par le circuit d’assainissement traditionnel. Mais, considérant la surproduction d’eau à assainir suite à de fortes intempéries, le réseau n’a pas pu absorber dans un tuyau de 20 cm de diamètre l’injection de 600 m3 de lixiviats par jour à la fin mai 2016 . De fortes émanations d’odeurs se sont manifestées à travers toute la région, via le circuit d’assainissement, au sein même de nos habitations. » Ces reflux, faisant craindre des risques sanitaires, ont poussé les habitants à se mobiliser.
Impliquer les citoyens dans la démarche
Plus de 250 personnes ont répondu à l’invitation de rejoindre, le 27 septembre 2017, l’assemblée générale constitutive de l’association, lui assurant une réelle crédibilité. « Nos membres, inquiétés par ces problèmes d’odeur, voulaient être rassurés et trouver les moyens d’assainir la situation, explique Jean Lachmann. Dans un premier temps, nous avons mis en place des démarches afin d’être mieux informés sur la situation, les activités du SMITCOM, à travers son centre de stockage, en fin de vie, son unité de compostage, elle aussi en fin de vie, mais aussi un troisième projet privé d’un méthaniseur à côté du SMICTOM. Après quelques réunions, alors que nous allions leur proposer de mettre en place un observatoire des odeurs, le SMITCOM a eu la même idée et a pris l’initiative. Nous avons directement fait part de notre volonté de nous y impliquer et d’y être associés. »
Vers une meilleure compréhension des phénomènes
Dans le cadre de sa démarche, il était important aux yeux de l’association de mieux comprendre la situation et la provenance des odeurs auxquelles les habitants étaient exposés. « L’observatoire des odeurs nous y a aidés. Il nous a permis de bien identifier chaque odeur pour mieux en déterminer l’origine, poursuit le président de l’association. D’autre part, l’observatoire des odeurs, réel réceptacle des plaintes, nous a permis d’obtenir des réponses dans les 48 heures suite à un problème. Cela a été très important dans l’établissement d’un dialogue constructif avec le gestionnaire du site et pour contribuer à une meilleure compréhension des phénomènes. Dans ce contexte, le rôle d’Odometric a été particulièrement bien joué et apprécié.»
Des démarches plus légitimes
Sept membres de l’association, dont cinq faisant partie du conseil d’administration, ont pris part aux relevés réguliers des odeurs. « L’idée n’était pas de faire de la représentation, mais de nous impliquer de manière active, avec sérieux. Participer à l’observatoire des odeurs demande un réel investissement. Aujourd’hui, les sept nez impliqués dans la démarche ont acquis les compétences utiles, permettant à l’association d’être plus cohérente dans ses démarches, assure Jean Lachmann. Quand ces personnes nous font part de constats, pas besoin de procéder à des vérifications supplémentaires. Nous ne sommes plus uniquement dans le déclaratif. On ne se contente plus de dire que ça pue. Nous pouvons mieux dire ce que ça sent et d’où cela peut provenir. Grâce aux compétences acquises, nos démarches sont plus légitimes et pleinement appréciés par la population. »